Saint-Saud-Lacoussière

l’église Saint-Étienne

 

 

 

L’église de Saint-Saud est placée sous le patronage de Saint-Étienne. C’est un édifice de style roman pour l’essentiel comme en attestent  les  arcs plein-cintre du chœur. Elle est de grandes dimensions, probablement en raison de la taille de l’ancienne paroisse (une dizaine de gros hameaux sur 58 km2) et de l’importance de sa population qui atteignait 2700 habitants en 1850. Elle fait partie des église fortifiée, d’où ses ouvertures très étroites, comme des meurtrières, et qui en font un édifice très sombre. On y entrait comme aux catacombe, écrivait-on alors.

Comme toutes les églises anciennes, elle n’a traversé les siècles qu’au prix de restauration importantes, notamment aux XVII et XVIIIe siècle. En arrivant dans cette cure, l’abbé Georges Julien qui fut en écriture Georges Rocal, dut tout au long de son ministère (1911-1957), multiplier les initiatives pour  sauvegarder une église en bien mauvais état.

Dès le début, il conduisit un premier cycle de travaux (1913). C’est la pastorale de la lumière  : trois baies sont ouvertes, l’une au chevet, les autres dans les murs nord et sud de la nef où est transportée la chaire.  Mais les problèmes revêtirent toute leur acuité à la fin des années 1940.

Ce furent  d’abord les cloche que l’on ne pouvait plus sonner, le vieux clocher devait être rénové, avec l’aide de l’architecte Lafont, qui avait fait de Saint-Saud son lieu de vacances. A la fin de l’année 1949, elles purent à nouveau résonner, mais il restait à restaurer la flèche.

Début 1953, on s’évertuait encore à obtenir le meilleur devis quand s’apprêtait à frapper la foudre administrative. Le sous-préfet de Nontron préparait un arrêté de péril, ce qui aurait contraint à fermer l’église en raison du danger. La décision fut rapportée mais elle constitua le tournant essentiel de la destinée du bâtiment.

A l’issue d’un dur combat, l’abbé Julien obtint « que la restauration totale de l’église serait entreprise à la fois ». Ce grand chantier sera réalisé de  1954 à 1957 avec un double objectif qui donne aujourd’hui son attachante originalité au bâtiment : retour à l’essentiel et mise en valeur des formes romanes ; appel à des artistes reconnues pour enluminer de vitraux et de fresque  le mortier et le granite, faisant de la nef un recueil de pages d’évangile.

Le grand tableau proche du baptistère rappelle le coût et le financement des opérations. La dépense dépassait 13 millions d’anciens francs, dont 9, 34 assumés par les  financements public (État, Conseil général, commune). L’abbé Julien prit à sa charge l’aménagement intérieur. Maîtres-verriers et fresquistes travaillèrent bénévolement ; la ferronnerie fut offerte pour partie  par Jean Sigala ; M. Paquet, propriétaire du château de la Coussière fit don du tabernacle de la chapelle du Saint-Sacrement. L’abbé trouva en outre près de 4 millions de francs, multipliant les appels à travers 6 campagnes de dons entre 1954 et 1955. Il envoya précise-t-il 75.000 lettres et, plein de verve,  remercia ceux qui…n’avaient pas répondu. « Faute de quoi, je n’aurais su que faire de l’argent ! ».

Le 8 mars 1954, l’entreprise Tourisseau-Faure, de Château-l’Évêque,  entama la démolition des éléments à supprimer, qu’il s’agisse du clocher ou de l’église. Le clocher  « décoiffé »  de sa flèche  couverte de lierre. Et l’abbé indique « les charpentes sont descendues, la façade de l’église est abattue, la moitié des autres murs de la nef est démolie. Le reste est étayé à l’intérieur et à l’extérieur. Les cérémonies se célèbrent en plein air ».

Les murs furent remontés selon le plan initial, mais sensiblement surbaissés et, en août 1955, l’église disposa d’une toiture définitive. Purent alors intervenir, sous les échafaudages,  Marguerite Huré qui posa la Cène et Laure Aynard qui se chargea des fresques.  En octobre, verrières et vitraux furent installés. Début 1956 fut achevée la  chapelle du Saint-Sacrement. En Février 1957, ce furent l’enduit rouge du sol, l’autel principal, la crédence cathèdre et…les banquettes en chaîne. Le chauffage attendit l’automne 1957. Le Vendredi-Saint de 1957 fut  inaugurée  la chapelle de  la Rédemption.

Ainsi s’achevaient « 34 mois d’échafaudages ». il ne restait plus qu’à régler les derniers détails pour que tout soit prêt à accueillir Mgr Louis qui vint bénir les travaux et confirmer.

L’abbé Julien livra en forme de testament l’écrit suivant : « Je garde l’espoir et la certitude que, à l’imitation de toutes les paroisses citadines et rurales de France, mon peuple retrouve la foi de ses aïeux et la pratique sacramentelle ; que chaque dimanche groupera les assemblées de nos fêtes actuelles et l’emportera sur elles en solennité et en piété… J ai l’espoir et la certitude que mon peuple – après sa reprise de contact avec le surnaturel – découvrira dans la maison de Dieu la porte qui s’ouvre sur le paradis de l’éternelle félicité ».

Cinquante ans après, cet édifice eut à nouveau besoin de soins. Il s’agit, d’une part, de réparer les dégradations du bâti qui favorisent les infiltrations, de  l’autre de stopper la dégradation  des fresques et envisager leur restauration ; cette dernière opération a été réalisée en 2014.

Nous ne pouvons clore ce sujet sans évoquer l’accueil dans la chapelle à droite du maître-autel de plusieurs statues anciennes et de belles dimensions qui proviennent de Peyrouse, à savoir. Cette grande abbaye cistercienne dont ne subsistent que  quelques pierres, était située sur l’ancienne paroisse de Saint-Saud. Les quatre évangélistes qui viennent d’être restaurés en cet été 2017, en proviennent.

Rendons hommage à l’action de l’Association Georges Rocal pour la promotion de l’histoire et du patrimoine de la commune de Saint-Saud qu’anime Guy Mandon auquel nous devons la substance du présent article. Cette association veille attentivement à l’entretien et au devenir de ce lieu de culte.

 

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