Saint-Priest-les-Fougères

L’église Saint-Projet

 

L’église de Saint-Priest-les-Fougères a pour patron Saint-Projet, évêque de Clermont (Auvergne), martyr, mort assassiné prés de Volvic le 25 janvier 674 [1].

Elle a été édifiée au XIIe siècle et a subi depuis, plusieurs remaniements. Ainsi, son clocher est apparu au XVIIe siècle ; par sa forme octogonale, il s’apparente aux clochers de type limousin. Reposant sur le transept, il semble, de la sorte, placé presque au milieu de bâtiment.

Fièrement campée au milieu du bourg, elle est en forme de croix latine, avec deux chapelles de part et d’autre.

En 1586, Henri de Navarre, le futur Henri IV, fit don à André de Ribeyreys, en considération des services rendus par lui et par ses ancêtres,  des tombeaux et honneurs de la dite église et l’autorisa à la faire ceinturer d’une litre (bande avec ses armoiries et celles de ses ascendants) [2]. André était seigneur de Saint-Priest-les-Fougères, baron de Courbefy, officier chargé du commandement des gardes du corps du roi. A la suite sa famille fit donc ensevelir ses morts  dans le cœur de l’église.

Quelque temps plus tard, en 1655, ses descendants concédèrent aux Béron d’Oche, une famille alliée et leur voisine, la chapelle dédiée à Saint-Roch, avec un droit de tombeau [3].

Ces chapelles, comme le chœur de l’église, accueillent de beaux autels nantis de remarquables boiseries sculptées. L’érudit Louis Bourdery écrivit à leur propos : « Ces boiseries monumentales datent du XVIIe siècle et sont un spécimen remarquable des grandes décorations dont nos églises furent enrichies à cette époque ».

– Dans le chœur, le maître-autel est tout entier en bois sculpté. Sur le devant (tombeau) le cartouche central représente la Scène. En arrière de la table d’autel, les panneaux du  retable figurent les quatre évangélistes ; la porte du tabernacle reproduit un calvaire. L’ensemble a fait l’objet d’un classement par les Monuments historiques le 18 février 1953.

– Dans la chapelle de gauche, le fronton de l’autel est assorti d’un écusson aux armes des Ribeyreys, soit : « D’azur à trois lions couronnés d’or armés, lampassés et langués de gueules, posés 2 et 1, le dernier issant en pointe. »

Comme elle est dédiée à Notre-Dame, c’est naturellement qu’y a été « replacée » La Vierge à l’enfant. Cette statue en bois doré est de dimensions plutôt modestes (hauteur 0,75 m) mais de grande qualité ; elle a fait l’objet d’un classement aux Monuments historiques le 17 février 1971.

Nous disons « replacée » car nous devons rappeler que, sans l’action de la famille de Curmond qui l’a mise à l’abri, elle eut toutes les chances de disparaître lors de la Révolution. En effet, en 1793, l’entier mobilier de l’église, chaises, bancs et autres furent transportés au centre de la place et incendiés. Les auteurs « poussèrent même leur impiété jusqu’à profaner les hosties qui se trouvaient dans le tabernacle »… Redorée à la fin du 19e siècle, elle est à nouveau écaillée et appellerait une nouvelle restauration.

– Dans la chapelle Saint-Roch, la statue du saint, en bois polychrome, est de belle facture et ancienne (XVIIe siècle ?). Au fronton de l’autel ont été sculptées les armes de la famille de Béron et celles de certains alliés que nous n’avons pu documenter ( 2 et 4) ; l’écu se lirait ainsi : écartelé,  au 1, d’azur au lion d’or bordé et couronné de sable, qui est de Béron ; au 2, une fasce fuselée (famille alliée) ; au 3, d’azur à trois bandes d’or bordées de sable, qui est de Béron d’Oche ; au 4, un aigle aux ailes éployées accompagné en chef de trois étoiles rangées en fasce (famille alliée 2). Elles sont surmontées d’un heaume couronné de face et bordées par deux anges.

Ces armoiries sont accompagnées de deux écussons monogrammés, figés sur les colonnes torses qui bordent l’autel.

Celui de droite comporte en lettres anglaises les initiales P. B., répétées inversées (B.P) ; il est surmonté d’une couronne de comte et supporté par deux palmes. Ce sont les initiales de Pierre de Béron d’Oche (1661-1760). Celui de gauche enserre dans un  écusson de mêmes dimensions les initiales I. F. aussi répétées à l’inverse (F.I.), rehaussés d’une couronne de roses, supportées par deux palmes. Ce sont les initiales de son épouse, Isabeau Fournier de La Roussie (1655- ?).

Relevons pour finir avec le mobilier, la présence d’une cuve baptismale fort ancienne : elle porte la date de 1607.

Le 27 juin 1993 marqua la fin du chantier de rénovation qui donna à l’intérieur de l’église son aspect actuel : ce jour là eut lieu la cérémonie d’inauguration de cette église rénovée sous la présidence de Mgr Poulain, évêque de Périgueux.

 

[1]     L’église de Volvic conserve ses reliques dans une chasse, elles y sont toujours vénérées.

[2]    Archives de la Haute-Vienne,Collège de Limoges, archives d’Altavaux, 4 décembre 1586.

[3]     La branche aînée de la famille de Béron était installée à Lempzours.

 

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